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· Charles Xavier Grimaldi de La Porta (6)
tres emouvant!
Par Anonyme, le 15.09.2024
j adore cette evocation de notre tante
Par Anonyme, le 04.06.2024
pourquoi priver ,par exemple,les lyonnais d une occasion de se réjouir ,d être unis dans la liesse ...?
cela
Par Anonyme, le 15.05.2024
je remercie le hasard ou la rencontre de déterminismes , de passions,....d 'avoir rencontré ce trio, cette qua
Par DUBREUIL, le 23.04.2024
c'est bien cette mémoire que je souhaite valoriser avant qu'elle ne s'en...vole merci marc et les autres..
Par Anonyme, le 23.04.2024
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Date de création : 22.11.2008
Dernière mise à jour :
17.10.2025
2556 articles
Économie et sociologie au 19° siècle.
Pâturages d’herbes courtes, grains de blés sur petites tiges, petites olives, notre économie très dépendante du climat est une « économie au ras du sol, en dessous des marchés» ( professeur F. Braudel), je rajoute au ras des flots.
Voici, un extrait des mémoires rédigées en 1993 par Jeanne Maestracci-Tomasini :
…. Mes origines sont évidemment paysannes, puisque corses. A ce propos, il y a longtemps, un jour, à un inspecteur primaire qui m'inspectait dans ma classe et m'interrogeait sur la paysannerie de mon île où il n'avait jamais mis les pieds_ j'ai dit : " il n'y a pas de paysans en Corse, j'exprimais là, l'idée, que ce paysan n'a pas, apparemment, la mine et la mise d'un paysan comme on en rencontrait autrefois, dans les régions rurales du continent ; sa physionomie grave, son expression rêveuse, son comportement digne, le distinguent. Pourquoi ? il sait appartenir à un peuple dont la nationalité s'est perdue au cours des siècles d'invasions, à un peuple frugal qu'une antique pauvreté a poussé à naviguer, à émigrer. Je suis fière d'appartenir à cette paysannerie très particulière ; il ne faut jamais renoncer à ses origines.
Ferdinand Grégorius, sujet allemand, visite la Corse en 1852 :
« …Le commerce est peu important. On exporte surtout de l'huile, que la Corse produit en grande quantité (si le pays était plus industrieux, il pourrait à lui seul en livrer pour plus de 60 millions de francs ?), des citrons, du vin, des légumes, des châtaignes, du poisson frais et du poisson salé, des plantes tinctoriales, des peaux, du corail, du marbre, beaucoup de tabac manufacturé, surtout des cigares dont la feuille est importée dans l'île. Les principaux objets d'importation sont les céréales, le riz, le sucre, le café, le bétail, la soie, le coton, la toile, le cuir, le minerai de fer, la fonte, les briques, le verre, la poterie.
Il y a un écart énorme entre l'importation et l'exportation. La douane entrave l'industrie et le commerce de l'île en empêchant les étrangers d'y échanger leurs produits. Les Corses sont contraints de payer dix fois leur valeur les articles de consommation français, tandis que les vins de Provence entrent sans payer de droits et font une concurrence désastreuse aux vins indigènes. C'est aussi de Provence que les troupes de l'île reçoivent la farine et les légumes nécessaires à leur approvisionnement. Il est défendu d'exporter du tabac sur le continent français. Les règlements tyranniques de la douane pèsent lourdement sur ce pauvre pays qui, obligé d'acheter tous les ans pour trois millions d'articles à la France, peut à peine lui en vendre pour un million et demi. La Corse paie chaque année au trésor un million cent cinquante mille francs. Le commerce se fait surtout par les ports de Bastia, d'Ajaccio, de l'Île Rousse et de Bonifacio. J'ajoute quelques détails sur l'agriculture et l'industrie. L'agriculture, fond de toute richesse nationale, est en Corse fort négligée. De fait, les terres cultivées ne constituent encore qu'un peu plus des trois dixièmes de la superficie de l'île, évaluées à 874,741 hectares. Les progrès de l'agriculture sont retardés par le banditisme, les luttes intestines, la vaine pâture, le manque de routes, la grande distance des terres arables aux lieux habités, l'insalubrité de l'air dans les plaines. Ainsi que l'agriculture, l'industrie est dans un état misérable. Elle ne s'occupe que des besoins immédiats, des objets nécessaires au travail manuel et à l'alimentation. Les femmes fabriquent presque partout le pannu corsu, drap brun grossier appelé aussi pannu laniu ; les bergers préparent le fromage et le brocciu, fait avec du lait caillé. Il n'y a de salines que dans le golfe de Portovecchio. Sur plusieurs points de la côte on pêche des sardines, des thons, du corail mais la pêche n'y est pas fort active ».
Pour de nombreux cap-corsins, le monde est limité; la nuit peut être une angoisse, l’hiver une maladie, l’été apporte les douceurs, « novembre en or » les châtaignes et les olives jusqu’en décembre. Pour se nourrir, s’habiller, la population consomme ce qu’elle produit et tente de maitriser les pénuries alimentaires. C'est encore avec économie qu’on alimente le feu qui réchauffe ; deux buches de bois embrassés à leur extrémité entretiennent une lente combustion ; quelques brindilles relancent la flamme.
Ici l’homme et l’animal travaillent pour vivre ; la force musculaire, la terre, le bois, les métaux, sont les principales matières premières. Notre vallée n’est pas surpeuplée; les pratiques agricoles traditionnelles et diversifiées permettent la survie; la population a su profiter vers 1650 de la politique agricole de Gênes pour augmenter la production de vin et la plantation de châtaigniers. Elle consomme ce qu’elle produit ; elle exporte du vin, des agrumes, du bois.
La propriété terrienne est insuffisante pour subvenir aux besoins des familles pauvres, elles doivent accepter de prendre des terres en métayage, de se louer à la journée. Une autre couche sociale arrive « bon an, mal an », à vivre « del suo », c’est à dire de ses terres et de son bétail.
La pauvreté c’est facile, l’aisance est plus longue à expliquer.
Au-dessus, les notaires, religieux, médecins, rentiers, négociants, artisans, pêcheurs de corail en Corse puis sur les côtes algériennes, capitaines à la mer, armateurs, bourgeois-notables de Bastia ou Marseille, tous propriétaires aisés constituent une bourgeoisie. Ils sont souvent exportateurs de vins, d’huile, de poissons conservés ; importateurs de draps, de farines, d’outils. Ils possèdent un excèdent de numéraire qui leur permet de pratiquer des prêts avec intérêts et parfois la saisie sur les maigres patrimoines ; une dette non remboursée est un plongeon dans la pauvreté pour toute une famille. Dans la mémoire des plus anciens s’exprime encore en 2019 une méfiance envers une bourgeoisie qui peut tenter avec succès de mettre un prolétariat à sa merci. Comment fonctionne le système ? j’ai besoin de numéraire, je possède une vigne ; je demande à Mr X d’établir un cens ou « vrai revenu », sur ma vigne ou ma châtaigneraie, contre une redevance annuelle en espèces, prélevée sur la production et égale au dixième de la somme empruntée. Cet emprunt crée un droit sur ma terre. En échange, je rentre à la maison avec un capital, 10 pièces d’or, un bol d’air frais. Je dépense, j’améliore. Je dois verser chaque année un intérêt calculé sur le rapport de la vigne ; cela pendant des années, tant que je ne rembourse pas ; la dette est transmissible à mes héritiers. Tout marchand est un peu banquier, le commerce de l’argent est un commerce comme les autres ; ainsi fructifient les bénéfices réalisés dans le négoce. Ce système généralisé à toute l’Europe, florissant à Gênes, est bien compris en Corse. Donc chez les "principali", numéraire confortable et un patrimoine constitué par les biens immobiliers, maisons, pressoirs, parts de barques ou de navires, entrepôts, jardins, oliviers, fruitiers. Les successions énumèrent trousseaux, meubles, vaisselles, bijoux.
Ils n’ont pas inventé l’obésité ! Vous le savez la société corse n’est pas spontanément organisée pour fournir l’abondance nutritive, vestimentaire, et récréative ; elle ne tend pas à vous accueillir avec le confort, 10 sucettes, 5 doudous, l’école, les études, puis le i phone 4G, 10 paires de baskets, l’écran, la trottinette, la moto, les vacances, la médecine. L’alimentation du populu minutu, n’est pas une cuisine et encore moins un art de manger. Pour eux, il est possible que le souci ne soit pas, qu’est-ce que je mange aujourd’hui ? mais, est ce que je mange aujourd’hui ? La part alimentaire prélevée en autosuffisance est importante. De nombreux témoignages soulignent la forte consommation de lait et de farine de châtaigne, d’ail et d’oignons, l'importance de l'orge dans l'alimentation :… "Du pain d'orge, du fromage, des châtaignes et de la soupe à l'eau et à l'huile, voilà à peu près leur nourriture, quoique le ménage soit aisé, car on ne connait presque pas de pauvres ici. » Pour compenser le déficit en farine de blé, elle exporte du charbon de bois, des agrumes, du vin. Le cadastre impérial de 1860 répertorie de nombreux casone-pressoirs dans la vallée ; à Porticciolu notre maison en possède un, Christian Mons-Catoni un autre. En 1620 Cagnanu exporte 140 hectolitres de vin. Ce commerce se fait presque exclusivement vers Gênes, nécessite une licence, supporte des taxes, un gouteur, un contrôleur des cargaisons. Pourquoi un gouteur ? parce que l’exportateur tend à déclarer du vinaigre pour payer moins de droits. La culture de la vigne, le commerce du vin génèrent à toutes les époques des revenus plus confortables que le jardinage.